Projets pilotes de gestion des huiles usagées
L'huile usagée, définie comme une huile ou un fluide qui devient impropre en raison d'impuretés ou d'une perte de propriétés, représente une part importante (40 à 60 %) des huiles lubrifiantes et des fluides hydrauliques après utilisation.
L’élimination inappropriée de ces huiles usagées peut nuire aux ressources naturelles et aux populations humaines, ce qui constitue un problème environnemental majeur pour les nations insulaires du Pacifique.
A ce titre, le projet SWAP collabore avec des partenaires locaux à Samoa, aux Iles Salomon, à Tonga et au Vanuatu pour mettre en oeuvre des projets pilotes de gestion des huiles usagées.
Problèmes fondamentaux à résoudre grâce aux projets pilotes de gestion des huiles usagées SWAP
Les huiles usagées constituent un problème environnemental croissant dans les pays insulaires du Pacifique. Dans la mesure où ces pays dépendent fortement de la production d'électricité produite au fioul, les volumes d'huiles usagées générés constituent une quantité conséquente de déchets à collecter, stocker et exporter.
Les principaux problèmes identifiés comme devant être traités sont les suivants :
Données et informations sur les huiles usagées
Les données disponibles sur les huiles usagées produites ainsi que la manière dont elles sont générées dans les îles du Pacifique sont insuffisantes. Cela limite la capacité des gouvernements à lancer les mesures de gestion nécessaires pour résoudre le problème. Il est préconisé que les gouvernements mettent en place des systèmes de collecte des huiles usagées permettant d'inventorier et de collecter des données sur la nature et la quantié d'huiles usagées produites pour une prise de décision plus éclairée sur la manière de gérer ces déchets dangereux.
Dispositions institutionnelles
En l’absence d’un système coordonné, il n’existe aucune responsabilité ni obligation de rendre compte pour gérer efficacement les huiles usagées.
Limitation/absence d'infrastructures et de systèmes de gestion des huiles usagées
L'absence de système de collecte, de stockage, de traitement et d'élimination approprié laisse aux producteurs très peu d'autre choix que de brûler ces matériaux, de les utiliser comme lutte antiparasitaire dans les maisons ou pour le marquage des terrains de sport, voire de les éliminer illégalement sur des terrains, des lagons et des sites non désignés, ou de les stocker dans des conteneurs inappropriés qui peuvent potentiellement se déverser sur le sol au fil du temps, finissant par polluer l'environnement.
Anciens stocks
En l’absence d’un système efficace, les entreprises qui produisent des huiles usagées n’ont aucune possibilité de les éliminer, ce qui entraîne le stockage de volumes importants d'huiles usagées dans les pays insulaires du Pacifique.
Formation et sensibilisation
Le manque de connaissances et de compétences en matière de gestion des huiles usagées se traduit souvent par une utilisation et une élimination inappropriées des huiles usagées par les producteurs et les utilisateurs, ce qui risque de polluer l'environnement. Il est donc recommandé que des formations et des campagnes de sensibilisation soient mis en place pour réduire les risques environnementaux et sanitaires.
Résultats escomptés
Le prinicpal objectif des projets pilotes de gestion des huiles usagées en cours de mise en œuvre aux Samoa, aux Îles Salomon, aux Tonga et au Vanuatu est de s'assurer que la manutention, le stockage et l'élimination des huiles usagées au niveau national soient gérés de manière durable pour réduire les impacts pouvant être générés par une mauvaise gestion des huiles usagées.
Plus précisément, les projets pilotes sont mis en œuvre dans l'objectif de :
i. Améliorer la gestion des huiles usagées et déchets huileux grâce à des systèmes de transport, de collecte et de stockage appropriés et à une élimination sûre ;
ii. Renforcer les capacités techniques des responsables, des praticiens des déchets et des producteurs de déchets, y compris le secteur privé manipulant les huiles usagées et déchets huileux ;
iii. Promouvoir la sensibilisation du public aux risques posés par une gestion inappropriée des huiles usagées ; et
iv. Initier des interventions appropriées sur la gestion des huiles usagées, guidées par les cadres nationaux.
En 2018, le Samoa Waste Oil Management Program (SWOMP) une première phase pilote a été lancé grâce à un partenariat entre le Programme régional océanien de l'environnement (PROE/SPREP), le Projet japonais de coopération technique pour la promotion de l'initiative régionale sur la gestion des déchets solides dans les pays insulaires du Pacifique (J-PRISM II), l'Association samoane de recyclage et de gestion des déchets (SRWMA) et le Ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement (MNRE). Le projet a pour objectif de mettre en place un système officiel de collecte des huiles usagées et de les stocker dans une installation de stockage dédiée à Tafaigata avant leur exportation. Le programme pilote a été mené par la société Nissan Samoa, membre de la SRWMA. Les huiles usagées collectées ont été stockées dans des réservoirs, des fûts et des conteneurs IBC en prévision de leur exportation dans le future vers une éventuelle installation d'élimination/récupération en dehors de Samoa.
À ce jour, environ 60 000 litres d'huiles usagées ont été collectés et stockés de le cadre du Programme SWOMP. Les huiles usagées ont été principalement collectées auprès des partenaires de la SRWMA, notamment Nissan Samoa, Ford Samoa, Apia Traders, ASCO Motors, Samoana Rentals, PPS Hyundai Service Centre, OK Auto, le gouvernement de Tokelau, Auto Saver, Samoa Shipping, Samoa Hire Pool et Vailima Breweries. Les huiles usagées ont été collectées et stockées dans des conteneurs IBC ou des fûts métalliques.
D'une manière générale, les données des douanes samoanes pour la période 2018-2021 indiquent qu'une moyenne de 740 000 litres de lubrifiants sont importés dans le pays chaque année. Sur la base de ces données, il peut être estimé qu'environ 370 000 litres d'huile usagée sont générés par an. Peu de données sont disponibles sur les taux de production réels d'huile usagée, mais il est probable qu'ils se situent entre 200 000 et 350 000 litres par an. On estime également à appriximativement 240 000 litres la quantité d'huile usagée stockée .
L’objectif principal du projet pilote de gestion des huiles usagées mis en œuvre dans le cadre du projet SWAP est de renforcer le programme SWOMP afin d’améliorer la gestion de ces produits dangereux au niveau national. À ce titre, la deuxième phase du projet pilote, par le biais du projet SWAP, soutient la poursuite et l’extension des installations créées dans le cadre du programme SWOMP, sur la base des enseignements tirés de la mise en œuvre de la phase 1 du projet pilote.
L'objectif final du projet pilote en matière de gestion des huiles usagées est de mettre en place un système durable de gestion des huiles usagées aux Samoa.
Les Îles Salomon importent chaque année une grande quantité de pétrole brut. Les statistiques montrent que sur l’ensemble des matières importées aux Îles Salomon, environ 78 % sont du pétrole et 3,5 % sont des véhicules. Selon une étude menée par le PROE/SPREP dans le cadre du projet SWAP, il est estimé q'environ 1,25 millions de litres de produits dérivés du pétrol (fioul, lubrifiant, etc.) ont été importés aux Iles Salomon en 2021. Le rapport du Pacific Region Infrastructure Facility (PRIF) indique également que bien que les huiles moteur et de cuisson usagées soient également des produits majeurs exportés par le pays, il existe un potentiel de récupération de ce matériau recyclable d’un volume estimé à 1 055 tonnes métriques pour le recyclage chaque année.
Malgré cela, il existe encore des indices visuels de problèmes de pollution par les huiles usagées qui n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière dans le passé. Sur la base de l’audit national des huiles usagées réalisé par le PROE/SPREP dans le cadre du projet SWAP, les Îles Salomon produisent théoriquement 600 000 (+/-10%) litres d'huiles usagées par an, dont seulement 50 % seraient récupérés, incluant leur utilisation en tant qu’énergie domestique (par combustion).
Le projet pilote de gestion des huiles usagées de Honiara financé par le projet SWAP et mis en oeuvre par le Ministère de l'environnement, du changement climatique, de la gestion des catastrophes et de la météorologie (MECDM) a été conçu pour fournir une base de référence actualisée pour la gestion des huiles usagées dans la capitale. La connaissance des données de base sur les huiles usagées permettra une gestion appropriée en matière de collecte, de stockage, de traitement et d'élimination ou d'exportation vers une installation de recyclage à l'étranger.
Les principaux objectifs du projet pilote sont 1) de renforcer les capacités institutionnelles en matière de gestion des huiles usagées, notamment la collecte de données pour une prise de décision plus éclairée, 2) de mettre en place une installation de stockage dotée d'équipements appropriés et 3) de mener des campagnes de sensibilisation au problème des huiles usagées.
La mauvaise gestion des huiles usées est un problème environnemental majeur pour les pays insulaires du Pacifique dont les Tonga. Les données des douanes tongiennes indiquent qu'environ 600 000 litres d'hydrocarbures ou dérivés (lubrifiants, fioul, etc.) sont importés à Tonga chaque année. Sur la base de ces données, on estimé à environ 355 000 litres d'huile usagée générées par an. Par ailleurs, on estime à 223 200 litres la quantité d'huile usagée stockée sur des sites inappropriés à Tongatapu.
Le projet pilote de gestion des huiles usagées financé par le projet SWAP vise à fournir un système de collecte et de stockage des huiles usagées générées par les petits et grands producteurs de Tongatapu. Des réservoirs appropriés, incluant des conteneurs pour vrac intermédiaires (IBC) et des conteneurs-citernes, ont été fournis pour stocker les huiles usagées produites à des endroits identifiés avant leur exportation ou leur traitement.
La collecte des huiles usagées des principaux générateurs et la manutention de ces produits dangereux au sein de l’installation de stockage seront gérées par les compagnies pétrolières tandis que la collecte des huiles usagées des petits générateurs sera gérée par un entrepreneur privé travaillant avec le gouvernement ou engagé par lui.
Le système sera complété par le système de financement durable qui sera mis en place pour assurer la gestion à long terme des huiles usagées. Ce système sera lié à l'octroi d'un permis d'importation de produits dérivés du pétrole par le biais du système de guichet unique. Les deux sources de génération de revenus devraient soutenir le système de gestion à long terme des huiles usagées.
L’établissement d’un permis d’importation lié permetra également de recueillir des données précises sur la quantité d’hydrocarbures et produits dérivés importées aux Tonga. Le système de collecte et de stockage mis en place dans le cadre de ce projet pilote fournira également des données précises sur les huiles usagées générées pour une prise de décision plus éclairée.
Le projet intègre également la délivrance d'une campagne de formation destinée à toutes les parties prenantes impliquées dans la gestion des huiles usagées, tant des secteurs public que privé.
Les résultats attendus à long terme de ce projet pilote permettront d'assurer une gestion durable et appropriée des huiles usagées afin de protéger le royaume des Tonga des impacts négatifs d’un déversement potentiel d’huiles usagées sur son environnement et la santé de sa population.
Les données des douanes de Vanuatu de 2021 indiquent qu'environ 640 000 litres de lubrifiants sont importés dans le pays chaque année, générant environ 330 000 litres d'huile usagée par an, qui doivent être gérés de manière durable pour prévenir tout risque de pollution.
Le projet pilote financé par le projet SWAP et mis en oeure par le Départment de la protection et la conservation de l'environnement (DEPC) vise à renforcer la capacité locale du Vanuatu à gérer les huiles usagées du secteue pubic comme du secteur privé et à permettre aux parties prenantes de prendre conscience des impacts négatifs des huiles usagées sur l'environnement et la santé de la population du Vanuatu afin de contribuer à atténuer ces risques.
Il vise également à établir un système de collecte, de transport, de stockage et de recyclage des huiles usagées par pyrolyse afin de produire des produits alternatifs économiquement viables. Le site pilote se trouve à Port Vila et pourrait être étendu à tout le Vanuatu, s'il s'avère économiquement viable à plus grande échelle. L'objectif est de disposer d'une installation centrale de stockage et de retraitement pour ces déchets problématiques, exploitée dans le cadre d'un partenariat public-privé. Des cuves adaptées à ce type de produit ont été fournis pour stocker temporairement les huiles usagées générées avant traitement.
Le nouveau système sera exploité dans le cadre d’un partenariat public-privé où le gouvernement sera responsable de la collecte, du transport et du stockage des huiles usagées et Ocean Environmental Solutions exploitera la machine de pyrolyse pour retraiter les huiles usagées en les transformant en un carburant recyclé.
Le projet pilote devrait permettre de mettre en place un système de suivi des données sur les huiles usagées, qui permettra au gouvernement de prendre des décisions plus éclairées pour remédier au problème lié à ce type de déchet. Dans une perspective régionale, ce projet pilote utilisant la technologie de pyrolyse pourrait être reproduit dans d’autres pays insulaires du Pacifique si les résultats de cet essai sont positifs.