Quelle technologie de traitement des huiles usagées pour les pays insulaires du Pacifique ?
Les huiles usagées sont considérées comme étant dangereuses pour l’environnement et les humains. Elles polluent l’eau potable, les ressources alimentaires et les écosystèmes aquatiques locaux tels que les cours d’eau, les lacs et les étangs.
En outre, les huiles usagées provenant de l’utilisation d’huiles lubrifiantes et autres fluides hydrauliques, leur toxicité implique plusieurs composés présents dans les huiles, ce qui signifie qu’elles doivent être stockées soigneusement.
Les questions relatives à la gestion adéquate des huiles usagées sont particulièrement pertinentes pour les pays insulaires du Pacifique en raison de leur accès limité aux ressources pour leur traitement et élimination. Le projet SWAP a mis en évidence le fait que les huiles usagées constituent un flux de déchets potentiellement valorisables et travaille avec ses Etats membres, à savoir les Iles Salomon, Samoa, Tonga et Vanuatu, sur le développement de technologies de gestion des huiles usagées produites à l'échelle nationale.
Les avantages du développement de technologies de gestion des huiles usagées
Le développement de technologies de gestion des huiles usagées peut entraîner une série d’avantages durables aux niveaux environnemental, économique et opérationnel.
1. Aspect environnemental
- Empêcher la contamination des sources d’eau et du sol par un stockage/une mise au rebut inappropriés
- Éviter les émissions (par exemple dioxines et métaux lourds) provenant de la combustion à l’air libre
- Le recyclage préserve les ressources limitées
- La production d’huiles lubrifiantes à partir du recyclage d’huiles de base permet de réduire d’un tiers les émissions par rapport au pétrole brut
2. Aspect économique
- Il suffit de recycler 1 litre d’huile de base pour produire 0,63 litre de nouvelle huile lubrifiante (contre 42 litres de pétrole brut)
- Créer des emplois et stimuler l’innovation
- Diminuer la dépendance à l’égard des approvisionnements pétroliers étrangers
- Produire des produits finis vendables ou produire de l’électricité
3. Aspect opérationnel
- Les huiles recyclées répondent aux mêmes normes que les huiles de base vierges
- Fournir des revenus pour soutenir les systèmes de collecte et de stockage
- Réduire les stocks d’huiles usagées
- Diminuer la nécessité d’exporter des huiles usagées pour les traiter
Les différentes technologies de gestion des huiles usagées
Pour aider ses membres à choisir la technologie appropriée pour la gestion des huiles usagées dans le pays, le projet SWAP a entrepris des recherches sur les options en matière de gestion des huiles usagées adaptées au contexte du Pacifique. Quatre options ont été analysées, à savoir:
1. Combustion directe par incinération contrôlée
La combustion directe des huiles usagées présente l'avantage de permettre la valorisation de la chaleur et/ou de l'électricité. Elle ne nécessite pas de méthode de pre-traitement, ce qui en fait l'option de gestion des huiles usagées la moins coûteuse.
L'incinération à haute température dégrade les composés aromatiques contenus dans les huiles usagées ce qui permet d'éviter les émissions toxiques. Toutefois, ce procédé peut générer des dioxines dues à une contamination par le chlore et produire des métaux lourds dans les cendres, qui ont des effets négatifs sur la santé humaine et l'environnement.
L'absence de grandes chaudières industrielles ou d'installations de production de ciment dans les îles du Pacifique réduit la viabilité financière de la combustion directe. Cette option est surtout réalisable lorsque de grandes infrastructures existantes sont utilisées pour réduire les coûts d'investissement initiaux.
2. Pyrolyse
La pyrolyse est une méthode de traitement thermochimique qui consiste à chauffer des composés organiques en l'absence d'oxygène. L'environnement de non-combustion entraîne la destruction de liaisons moléculaires, ce qui modifie les propriétés chimiques et physiques des huiles usagées.
Les molécules de pétrol le splus lourdes sont séparées en combustibles plus légers, qui sont ensuite condensés pour être collectés. Les gazoles non condensables peuvent être collectés et recyclés pour chauffer la chambre de combustion de la pyrolyse.
Les systèmes peuvent être adaptés pour traiter différents volumes. Les catalyseurs peuvent également être utilisés pour mieux contrôler les spécifications des produits finis. Les combustibles liquides recueillis peuvent être utilisés dans plusieurs applications industreilles de chauffage.
3. Traitement léger suivi d'un mélange ou d'une réutilisation du combustible
les huiles usagées peuvent être traitées de différentes manières avant d'être brûlées directement, mélangées à d'autres huiles combustibles, ou d'être réutilisées directement. le retraitement implique souvent l'élimination de l'eau et des contaminants, car ils diminuent les performances du carburant et provoquent des émissions nocives.
Les huiles usagées retraitées peuvent être mélangées avec du fioul, généralement dans une proportion de 10% du poids. Elles peuvent également être brûlées directement, ce qi représente moins de risques pour l'environement qui la combustion d'huiles non traitées.
Si l'huile usagée provient d'une source industrielle unique (par exemple l'huile hydraulique), des additifs peuvent être incoporés dans l'huile traitée pour une réutilisation directe; cela prolonge la durée de vie des huiles usagées et réduit la production de déchets. Toutefois, son utilisation est limitée aux processus industriels pouvant accepter cette huile.
Actuellement, la plupart des systèmes de traitement des huiles usagées déployés dans la région Pacifique peuvent être classés dans la catégorie traitement léger. La faible expertise technique, la mobilité et la demande de produit final combustible rendent cette approche plus facile à mettre en oeuvre que les autres options.
4. Traitement à l'argile activée
Le re-raffinage est l'option de traitement de premier choix pour les mélanges d'huiles usagées. Ce procédé permet de recycler les huiles usagées. ce procédé permet de recycler les huiles usagées pour produire une nouvelle base lubrifiante, prête à être modifiée pour une réutilisation ultérieure. ce procédé est utilisé en conjonction avec des opérationss de raffinage de pétrole existantes afin de réduire les coûts d'investissement élevés, d'utiliser les installations et les services publics existants, de récupérer des sous-produits de plus grande valeur (c'est-à-dire des gazoles) et de garantir des contrôles de pollution plus efficaces.
Les huiles finales issues du re-raffinage sont presque identiques aux huile vierges. En produisant de nouvelles huiles lubrifiantes à partir du recyclage d'huiles de base, les fabricants peuvent réduire leur dépendance à l'égard des réserves de pétrole brut tout en réalisant des économies d'énergies globales. La production d'huiles lubrifiantes à partir d'huiles de base recyclées génère un tiers des émissions qui seraient produites en utilisant du pétrole brut.
Le traitement à l'argile activée est une technique de re-raffinage qui présente la plus grance polyvalence pour les processus à petite échelle. Pour un système plus important, il faudrait collecter les huiles usagées de plusieurs régions et nations voisines pour les regrouper. Aucune opération de re-raffinage n'est mis en oeuvre dans la région du Pacifique en dehors de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Informations complémentaires sur les technologies disponibles en metière de gestion des huiles usagées
Le rapport sur les options technologqiues existantes et la brochure de synthèse sont disponibles en ligne sur la librairie virtuelle du PROE :
Note : Cet article a été écrit avec le soutien de l’université de Newcastle (Australie) dans le cadre d’un partenariat entre le SWAP et l’université, le programme « Work Integrated Learning » (apprentissage intégré au travail). À ce titre, la coordinatrice du SWAP remercie tous les étudiants qui ont participé à cette collaboration, notamment Mme Kayla Koulis pour cet article.